Les fonds de la Politique Agricole Commune (PAC) : moteur à géométrie variable du financement agricole
Plus ancienne politique commune au niveau Européen la PAC a pris plusieurs formes depuis sa mise en place en 1962. Son objectif premier était l’autosuffisance alimentaire de l’Europe dans les années 70 et 80, l’incitation étant donc à l’augmentation de la productivité. C’est ainsi que l’Union Européenne et la France se sont donc retrouvées en excédent de certains produits laitiers et de protéines animales. En 1992, la PAC a changé de critères et ne rémunère désormais plus en fonction de la productivité mais en fonction de la taille des exploitations. Les exploitations qui perçoivent le plus d’aides sont donc celles qui ont le plus souvent recours à la mécanisation et aux intrants chimiques. D’une certaine manière, la PAC accompagne d’avantage l’agriculture conventionnelle et les exploitations les plus susceptibles d’endommager l’environnement.
Actuellement, 9 milliards d’euros sont perçus chaque année par la France, pays qui touche le plus de subventions de la PAC. Ce montant, s’il est conséquent d’un point de vue financier, cache aussi une réalité effrayante : près de la moitié des exploitations françaises serait en déficit sans les subventions de la PAC.
D’autre part, il est important de rappeler que des mécanismes de financement de projets agricoles respectueux de l’environnement à petite et moyenne échelle existent au sein de la PAC. Mais les formalités pour obtenir ces aides pour l’agroforesterie par exemple, sont extrêmement complexes et inadaptées aux exploitations de petite et moyenne taille. Cela rend donc difficile l’obtention de ces aides, alors que ce sont des initiatives qui vont dans le sens d’une agriculture respectueuse de l’environnement.
Agriculture durable & prêts bancaires conventionnels : deux mondes qui ne parlent pas la même langue.
Il n’y a pas de problème de financement de l’agriculture conventionnelle en France aujourd’hui. L’accès à des prêts à des taux compétitifs est assuré par les banques. Un agriculteur français emprunte à un taux d’environ 1,5% selon le Crédit Agricole, ce qui est bien en dessous de la moyenne européenne. Le problème est qu’il faut désormais engager de lourds investissements pour pouvoir se lancer. Selon Christophe Roubin, directeur de l’Agriculture au sein du Crédit Agricole, « il faut, pour initier une activité de production laitière de 300 000 litres, un ticket d’entrée minimum de 600 000 euros. » Ceci illustre de façon concrète comment l’écosystème de financement de l’outil de production agricole favorise les grandes exploitations et leur démarche productiviste.
Ce qui est vrai pour l’agriculture conventionnelle ne l’est pas forcément pour l’agriculture régénératrice dont les spécificités restent aujourd’hui mal valorisées par les acteurs financiers. Les différentes techniques mises en œuvre dans le cadre d’une agriculture régénératrice nécessitent généralement un temps supplémentaire avant de pouvoir retrouver une production résiliente. Cette notion de résilience, dont les effets positifs sur l’environnement, le social et l’économie se perçoivent dans la durée, est devenue un enjeu majeur dans un contexte d’incertitude climatique et sociale. Il va donc devenir nécessaire d’adapter l’échelle de temps des modèles de financement associé aux cultures pérennes notamment de manière à permettre la mise en place de modèles agricoles vertueux.
Le financement participatif et solidaire : une solution pour les projets agricoles alternatifs
Le financement participatif sur des plateformes telles que WiSEED par exemple, joue un rôle nouveau dans le développement d’une agriculture alternative. La France est l’un des pays qui épargne le plus en Europe et dans le monde avec près de 15% des revenus bruts qui sont thésaurisés. Il devient donc pertinent de proposer à cette épargne le financement de projets agricoles innovants et respectueux de l’environnement. Dans un contexte où les attentes en matière d’alimentation et de santé sont de plus en plus exigeantes, ces nouveaux modes de financement permettent de rapprocher agriculteurs et consommateurs.
C’est justement un des leviers que nous utilisons pour financer Amandera, société de l’économie sociale et solidaire qui transforme des sols agricoles dégradés en écosystèmes vivants et respectueux de la biodiversité.
Nous sommes partis du constat que le modèle agricole dominant actuel est incompatible avec les enjeux socio-environnementaux de notre temps et proposons de construire les projets agricoles qui répondent aux défis climatiques et économiques de ce siècle.
Vous pouvez donc participer à cette transformation à travers notre campagne WiSEED, accessible sur le lien suivant : https://www.wiseed.com/fr/projet/33115123-amandera